Ou comment Pimbi, daman des arbres, a modifié ma vision de la vie
Chapitre 1 : l’arrivée de Pimbi
Bien avant de m’installer en Afrique en 2007, j’avais lu tous les livres de Joy Adamson, célèbre naturaliste autrichienne transférée au Kenya, mariée au non moins célèbre et charismatique George Adamson, pour qui j’ai une admiration sans bornes. Tous deux ont réintroduit dans la nature des lions, léopards et guépards (les plus connus étant la lionne Elsa et le lion Christian dont les histoires ont été relatées dans des livres, films et vidéos). Ils ont également recueilli des animaux d’autres espèces et Joy Adamson raconte dans son livre Born Free (Vivre Libre) leur merveilleuse relation avec un daman des rochers du nom de Pati, qui vécut avec eux pendant de nombreuses années.
Je me disais souvent : « comme cela doit être fantastique d’avoir un daman, comme j’aimerais moi aussi nouer une telle relation d’amitié avec un petit animal sauvage aussi craquant… ».
Cela ne s'est pas fait attendre bien longtemps, la loi de l'attraction étant décidément fort efficace dès lors qu'on lâche réellement prise ! Le 23 Septembre 2011, alors que nous nous rendions au restaurant avec Erick, mon compagnon devenu plus tard mon mari, un de nos employés nous appelle et nous dit : « Vite, vite, un des chiens a pris un petit animal dans sa gueule et l’a déposé sur le chemin, juste avant le pont qui mène au restaurant ».
Nous nous précipitons et découvrons un minuscule daman, tout trempé, plein de sang, avec son placenta encore accroché. Il pouvait avoir une heure ou deux de vie tout au plus. Je le prends dans mes mains puis contre moi, et tout de suite il grimpe vers mes cheveux et se cache dans mon cou. Un couple d’éco-volontaires, Marianne et Maxime étaient là aussi (notre premier couple en voyage de noces, et notre premier éco-volontaire homme, tous deux vétérinaires par ailleurs !). Ils nous ont aidés à sécher le petit animal avec une serviette, à lui couper son cordon ombilical, à le réchauffer.
Puis n’ayant rien d’autre à disposition, je lui ai donné du lait de nos vaches Jersey, réputé très riche, à l’aide d’une seringue à insuline (par chance l'une des vaches avait encore un petit qu’elle allaitait) et nous l’avons mis dans un panier, bien au chaud dans une couverture.
Notre aventure commune commençait…Mais nous n’étions pas du tout sûr qu’il pourrait s’en tirer, car nous avions déjà recueilli un bébé singe qui était décédé dans la nuit, ainsi que des petits rongeurs qui avaient succombé aux blessures infligées par nos chiens ou notre chat. Mais dans ce cas, assez curieusement, notre chien Ebu, un mâle Ridgeback plutôt imposant, n’avait pas du tout blessé le petit daman. Il l’avait transporté dans sa gueule et l’avait déposé sur le chemin sans lui créer aucune lésion, ce qui n’a pas manqué de nous étonner. Peut-être avait-il glissé et était-il tombé, ou bien sa mère l’avait-elle abandonné car elle avait eu plusieurs petits (les femelles daman ont souvent un ou deux petits, plus rarement trois et il se peut qu'elles n'arrivent pas à tous les nourrir…).
Je commençais déjà à entrevoir toutes les implications qu’aurait sa survie, le temps et le dévouement que cela supposerait de le garder et de l’accompagner vers l’âge adulte, l’attachement qui ne manquerait pas de se créer…Mais j’étais loin du compte et je n’imaginais pas quelle place immense il allait prendre dans ma vie…